Bonjour !
Depuis longtemps j'avais l'intention de vous présenter
 une page dédiée à Paul Boissard,
Popol pour beaucoup de gens qui l'ont côtoyé
au cours de sa trop courte vie.

Ainsi, me voici en photo, au cours de cette période où
Paul et moi étions parfois ensemble, au cœur des années 70,
jusqu'au cauchemar de son accident qui l'a emmené en 1983.

Cette page est une invitation à vous promener sur sa guitare
et sur ses textes ciselés, gravés durablement dans ma mémoire.
  Paul a su pendant toute les années de notre jeunesse
nous emmener par ses mélodies sur la face cachée de notre monde,
et donner un ressenti de ces extraordinaires années de transition.

J'ai illustré quelques moments de sa vie que j'ai pu capter
par les photos en même temps qu'un peu de nos propres vies
 avec toutes les compagnes et tous les compagnons de cette période.
 J'espère permettre de retracer ainsi quelque chose de l'air de ces temps
révolus que nous avons vécus dans l'Amiens des années 70.

Dominique GAUDEFROY en correzitude.fr




Paul Boissard s'est envolé, il avait 33 ans dans ces années 80, ma vie après sa disparition ne fut plus la même ...

Nous étions Paul et moi en terminale C à la fin des années 60, après 68, Amiens est devenue puis restée un bastion de contestation
de la société telle qu'elle se profilait alors, pourtant elle pourrait paraître aujourd'hui comme un monde de dénuements.
Mais nous ressentions que, bientôt, nous serions submergés par ces choses que la pub nous incite à consommer
pour que, peu à peu, la dépendance s'installe et que notre liberté soit entièrement déterminée
par le subtil travail de sape des besoins créés et toujours à renouveler.

Paul venait parfois en classe et posait sa pancarte revendicatrice délicatement au fond de la classe.
Nous menions quelquefois des actions d'une symbolique cocasse,
je me rappelle de ces grèves de la faim devant le monument aux morts de la cité scolaire d'Amiens,
cet immense ensemble de lycées que concurrençait l'établissement petit bourgeois juste à côté,
la Providence où le Macron local s'apprêtait à faires ses preuves par 9 un plus trop tard pour des rencontres percutantes :
son modernisme avait déjà du retard au chérubin, pardon ! au cher urbain amiénois.
La grève de la faim s'interrompait la plupart du temps le midi pour entamer le chant du sandwich ...

Paul s'est mis à écrire des chansons, il devint le Popol perdu dans la métropole :
p'tit pol t'es perdu au pôle

Alors là, vous l'avez compris qu'il faut illustrer mes propos par un clic sur le lien ci-dessus
pour écouter cette première complainte rock-and-rollisée, et les autres par la suite.

Je vous ai dit que depuis longtemps je voulais rendre cet hommage à Paul et
c'est grâce à Brigitte, la compagne et mère de ses deux filles qui m'a remis récemment deux DVD
dont voici les pochettes. Une vingtaine des innombrables chansons de Paul ont ainsi pu être gravées sur  ceux-ci.

   
Je ma promène sur ma guitare est sorti en 33 tours à la fin des années 70





La lune des pirates : ce second recueil de 10 chansons de Paul a été converti par Antoine Flandre
d'après un enregistrement du concert à la MCA en février 1981 et réalisé grâce à l'aide amicale
et efficace d'Alain Graine et Daniel Dufour, un grand merci à tous les trois.

Tous droits réservés à Claire Boissard et Lucie Boissard.


La Lune des Pirates, c'est aussi le nom d'un des premières boîte à musique qui s'est créée à Amiens sur le quai Bélu
 au cœur de la vie nocturne dans la Cité picarde. Bien sûr ce nom est en référence et un hommage à Paul qui chante ici :
La lune des pirates


Les chansons de Paul après quelques manipulations informatiques pourront être écoutées
 par un clic sur mon site www.correzitude.fr,
et j'espère ainsi concurrencer - je badine - les grands distributeurs de musique que vous connaissez.



  Paul  Lénine


Paul Boissard certainement au début des années 70 à la Maison de la Culture d'Amiens
où j'ai passé beaucoup de temps à photographier les gens de ma génération.
La MCA, l'abri antiatomique mais aussi refuge culturel incontournable à cette époque.





Nous avons à 3, cette année là, parcouru le sud de la France,
 ses montagnes, les Alpes du Sud en passant par Chamrousse et sa nuit blanche de neige
 à la recherche vaine d'un refuge pour une vie future.
Ici sur la photo, c'était dans les Cévennes près du col de l'homme mort avant de descendre vers la Vallée Française,
qui verrait s'installer quelques temps plus tard une belle floppée de picards, dont Éliane et ses plantes vertes ...




Paul  dans une photo légèrement postérisée, et sans doute la cervelle en feu sous la casquette



Nous pressentions sous l'oriflamme noire que ce n'était pas l'ÉTAT qu'il faudrait contester mais tout un
système politico-économique qui commençait à enserrer ses tentacules autour de notre libre arbitre,
qui briseraient ou récupèreraient toutes nos tentatives de penser par nous-même.
Au fait êtes-vous coureurs ?  à bicyclette
D'accord ce n'était pas Paul, mais une diversion de Bourvil


Le trottoir de Saint-Leu devant ma maison où Paul se promène sur sa guitare





A la maison Dame Jeanne, nos expérimentations n'avaient pas de limites ...
Voici un essai de faire sécher notre linge à l'aide ... de guitares .. sèches, bien entendu.
Au pied du mur,  même si on était fauché, on n'était pas tout de même marteau ...
La mob servait en ce temps là à partir en vacances, par exemple,
 jusqu'au temps des cerises, au pied des Pyrénées ...
Et Paul pendant ce temps chantait :
Pourvu qu'ça dure mon aventure ...





La rue Dame Jeanne et ses pavés sous lesquels il n'y avait pas de plage,
juste une place pour discuter et refaire le monde qui de toutes façons allait se défaire
 abandonnant les confitures de nos utopies au confit personnel du profit de quelques uns.



Les p'tits gars du quartier Saint-Leu, dont Momo que vous reconnaissez j'espère,
tous assis contre la balustrade du canal,
si t'aimes la vie  ne la fout pas dans l'canal.
Cette dernière chanson en lien vous emmène, elle, ailleurs sur le Web.





Pascal, Bernard et Pattie à Vébron cet été 2018, Pascal de face ici, m'a fait parvenir depuis, une reprise de waveja
que je vous propose. Popol la chantait pour nous emmener sous d'autres cieux ...



Il arrivait que devant la maison dans cet espace où le pavé suintait l'humidité de la Somme
et de ses multiples bras canalisés qui enserraient le quartier,
qu'on se mit à danser, peut-être à l'occasion du 1er mai où nous avions l'habitude de lancer
 un bella ciao  que Paul n'a pas eu le temps, lui, de nous lancer, 
un thrène émis depuis notre tourne disque juché sur l'appui fenêtre.



Des prix cassés pour un mutant



À propos des prix cassés nous avions pu acheter au début des années 70,
ces deux maisons contiguës rue Dame-Jeanne pour une somme correspondant
pour l'une d'entre elles à 6 mois de SMIC à l'époque,
aujourd'hui il faut trimer la moitié de sa vie au lieu d'une demi-année
pour avoir un p'tit toit bien à soi ...


Patrice, l'autre tenancier et cigale de la maison Dame-Jeanne, décorée par Claire
recherchant peut-être quelques miettes sous la lunette d'un astronome ensommeillé :
... la fourmi sur la Lune
Une cigale appelle bien sûr une fourmi, mézigue en l'occurence pas encore dans la lune.


Melody dans les bras de Coco devant le 26-28, pas trop de misère pour son avenir avec le titre de Miss France, 18 ans après la photo.
Mais ailleurs, la famille Boissard nous entonnent sur le Web : y'a d'la misère





Au 26, 28 rue Dame Jeanne,  notre maison était parfois trop petite pour accueillir les discussions
 qui se faisaient sur le trottoir au milieu des vélos, mobylettes ou vélosolex.
Un café de la gare ... aux gorilles comme Brassens aurait pu le dire !



Concert dans la rare couleur du temps devant l'Hôtel de ville d'Amiens
Pour Paul ce n'était pas un travail de bleu,
ses textes qui allaient nous révêler l'existence tourmentée du cheval de Don Juan
cette fois je vous mets les paroles de cette longue chanson ...
LE CHEVAL DE DON JUAN

Oh vous qui crevez de soif ce soir,
écoutez bien ce qu'un vieux cheval ivre
a sur le cœur et comme il s'en délivre
en chantant pour vous aider à boire

Quand Don Juan m'acheta un bon prix
à un riche maquignon de Castille,
c'était surtout pour séduire la jeune fille
dont j'étais le cheval favori.

Quand elle vint me faire sa dernière visite,
raide et maudissant son père,
don Juan lui promit de ne plus faire l'affaire
et séchant ses larmes la séduit si vite

Qu'ils firent l'amour dans l'écurie
puis s'enfuirent en me fouettant sans trève
vers un couvent où elle attend et rève
à mon maitre le reste de sa vie.

Depuis je n'ai jamais revu ma paille
et j'ai eu la vie errante d'un maudit
cherchant dans le vent fuyant dans la nuit
la bouche en chairs vives tant les mors l'entaillent

Il baisait ma crinière à chaque conquète
mais ses éperons laissaient dans mes flancs
tant de plaies coulant de sueur et de sang
que j'aurais préféré la paix des défaites

Et tout au long de ces années de sévices
en frissonant les yeux hallucinés
par la faim, les reins le dos fatigués
je me suis usé à devenir son complice

Harnaché comme le cadeau d'un seigneur
parfumé et dressé aux révérences
j'arrivais mais je savais d'avance
qu'il faudrait partir comme le cheval d'un voleur.

Autrement il ne prenait pas soin de moi
pendant que les vers grouillaient sous ma selle
il me forçait à lui faire la courte échelle
pour grimper sur le mur d'un pensionnat

Le soir il enlevait l'institutrice
qui la nuit même se plaçait dans un bordel
mais il flattait tant la vieille maquerelle
qu'à l'aube au Carmel elle rentra novice.

Quand don Juan séduit une bohémienne
je tire la roulotte je danse comme la chèvre
tandis que mon maître le cigare aux lèvres
flatte un singe borgne et rit de ma peine

Le jour repartant comme un fugitif
on est même venu à me tirer dessus:
«C'était à prévoir de ce triste cocu»
Qu'il me dit en me mettant les côtes à vif.

Un dimanche il m'a vendu à un abbé
pour lui j'étais trop chargé de souvenirs
et mon maitre avait tant peur de vieillir
que le prix fut si bas qu'il le but d'un trait

J'ai cru voir enfin la fin de mes misères
dans la douce quiétude de la bigotterie
mais là le destin m'a fait une vacherie :
Mon abbé faisait la chasse aux sorcières

Cet illuminé bourreau d'intolérance
traquait l'hérétique au fond des campagnes
au coeur des forêts en haut des montagnes
il ne s'arrétait que pour ses pénitences

En plein midi en tête des processions
sous un drap noir je portais les reliques
en or massif et face aux basiliques
les mouches aux yeux j'écoutais ses sermons.

Nous avons converti des pays entiers
j'ai mis mes sabots sur tant de places
où l'échafaud rameute la populace
et les corbeaux pour goûter à not' gibier

J'ai tant plié l'échine sous les fagots
dont il me chargeait pour faire ses bûchers
J'ai tant tiré de chars de supliciés
qu'il ne me restait que la peau et les os

Mais il ne m'a jamais laché la bride
jusqu'au jour où pris dans un guet-apens
par une bande de voleurs mécréants
on me laissa enfin la croupe vide

Jour béni où enfin tout nu sous un chêne
je me suis enfui à un coup de fouet
tandis que l'abbé en l'air balançait
soulageant mon dos des hommes et de leurs chaînes

J'ai couru couru pour l'eau des ruisseaux
enfin pour moi-même, l'herbe des clairières
en fuyant les hommes et leurs sales manières
je ne suporte que le poids des oiseaux

Ce soir y'a un bal au café des chevaux
et un cheval saoul dort sur le comptoir
personne ne saura la morale de l'histoire :
Ce soir y'a un bal au café des chevaux.



Le bisou au marin d'eau douce du temps où Paul naviguait sur la vague sans chavirer




Paul et Brigitte lors d'un voyage en Amérique du Sud (Salvador de Bahia)
où la bossa nova a du l'imprégnier et  laisser des traces
dans certains rythmes de ses chansons :
A garota de Ipanema


Didier,  indien de St-Leu, habite à l'époque dans une cour des miracles.


Regard vers l'étrange destin que nous destine le destin


Scène ordinaire au 26,28 rue Dame Jeanne: entre banane mécanique et prière kantique.
Violence de mes mots et de ma danse sur cette immobilité captée ...



une affiche présentant l'artiste


Claire, fille ainée de Paul et Brigitte vient de naître.
serait-ce
 Lili boule de gomme


Brigitte et Claire en visite à Saint-Leu, devant il me semble mon destrier à roulettes :
 la mythique 2CV camionnette.





Voici une liste récapitulative des chansons de Paul Boissard versées dans le site de correzitude.fr
dans un format audio que vous pourrez écouter en cliquant sur les intitulés suivants :
Je me promène sur ma guitare
Lili boule de gomme
Café de la gare
J'suis un cassé un mutant
P'tit Pol t'es perdu au pôle
les plantes vertes
la fourmi sur la lune
les confitures
le cheval de don juan
j'ai mis le feu à ma cervelle
je t'attends
Cité Lénine
Violence
Indien de Paris
l'abri anti-atomique
la lune des pirates
destin
la vague nous chavire
Pourvu que ça dure mon aventure
et enfin
Ouadéja dans une interprétation de Pascal Bauchard